Ou comment trouver ce qu'on ne cherchait plus (KIRA (a)).

Il y avait beaucoup de filles dans cette école qui connaissaient Arthur. En réalité, la majorité des filles connaissaient Arthur. Celles qui ne le connaissaient pas n’étaient pas attachées aux potins et aux histoires ; or le jeune homme était intimement persuadé, en bon macho, que toutes les filles étaient intéressées par ce genre de choses. Dans toutes ces filles qui le connaissaient, il pouvait distinguer deux types. Celles qu’il avait déjà mises dans son lit, et qui, par conséquent, lui vouaient soit une haine sans précédent, soit un amour sans fin qui ne serait jamais réciproque. A côté de ça, se trouvaient celles qu’il n’avait jamais mises dans son lit, et qui elles n’attendaient que ça.

C’était dans cette conviction que vivait le jeune homme ; et il était très content d’en être persuadé.
Cependant, il était forcé d’avouer qu’il connaissait depuis quelques semaines une légère baisse de régime. La rentrée des classes n’aidaient pas forcément, il fallait le dire : passer de l’ambiance des vacances à celle, peu propice, du stress des cours rendait les demoiselles nerveuses et indisponibles.

Ce matin là, Arthur avait fait une erreur : il avait raté le premier cours de la journée. C’était plutôt courant pour lui, sauf qu’une fois qu’une telle chose était faite, il avait du mal à enchainer avec les autres cours. En arrivant pour assister à son deuxième cours ce jour là, c’est donc le plus naturellement du monde qu’il avait finalement décidé de changer son itinéraire. Passé par la cafétéria, histoire de ne pas glander trop longtemps le ventre creux, il chercha un endroit où attendre sans se faire attraper par un prof, ou sans se faire ennuyeux par qui que ce soit. Il avait juste envie de réfléchir et de se poser, en attendant de trouver quelque chose de mieux à faire – du genre organiser la prochaine soirée avec ses potes, par exemple.

Il monta à l’étage en tentant désespérément de trouver une salle vide. Malheureusement pour lui, elles semblaient toutes occupées : il était hors de question qu’il aille à la bibliothèque, on n’y trouvait que des bosseuses, intello à lunettes, là bas. Il ne voulait pas spécialement croiser de filles, mais s’il devait le faire, alors, autant qu’elles soient belles plutôt que des laiderons. Il devait ménager ses yeux, le petit.
Il erra comme ça encore un moment, puis, une idée germa dans son cerveau qui le fit sourire. Il prit la direction de la salle informatique. Là, il ne risquait pas de tomber sur grand monde, en général, n’y trainaient que quelques pro de l’informatique qui passaient leurs vies là-dessus. L’idée fit rire Arthur dans il la trouvait bizarre, mais il e put s’empêcher de se dire qu’au moins, il aurait la paix.

Il entra dans ladite salle quelques minutes plus tard et fut surpris parce ce qu’il y trouva. Ou plutôt, par qui. Une jeune femme tout à fait charmante pianotait rapidement sur les touches de son clavier, fixant son écran avec attention. Peut être était-il finalement temps pour Arthy de reprendre du service. Il sourit à cette idée, et entre en refermant derrière lui. « Bonjour. » Banalité d’usage dont il se serait volontiers passé, mais il pensait bien qu’elle ne parlerait pas à un malotru. Il s’assit sur le poste à côté du sien, déposant ses affaires à côtés, et tourna la tête vers elle, prêt à entamer une conversation passionnante – puisqu’il fallait passer par là. « Ca à l’air cool c’que tu fais, j’peux voir ? »

Une fille avec du répondant. Arthur devait avouer qu’il ne s’attendait pas à une réponse aussi vive : rares étaient les filles qui n’en profitaient pas pour engager la conversation avec lui. Il fronça légèrement les sourcils quand elle le fixa, avant de lui débiter une tirade qu’il eut lui-même un peu de mal à suivre. Il ne put s’empêcher de prendre quelques secondes de réflexion quant à la réponse qu’il allait pouvoir formuler : jamais encore il ne s’était fait rembarrer de la sorte. « How. » Il se tourna vers son propre écran et mangea un bout du croissant qu’il venait d’acheter en appuyant sur le bouton de lancement de son ordinateur. Cette fille était pour le moins étonnante. Il hésita longuement à changer de place, mais finalement, décida que le défi lui plaisait. Il s’arma de nouveau d’un sourire, et retourna à la charge. « D’accord, tu marques un point. Je ne connais rien à ces machines. » Il sourit, l’air de trouver ça drôle, ce qui n’était en réalité pas le cas. « Raison de plus pour me faire partager. »

Il était parfaitement conscient qu’elle avait sa musique sur les oreilles et qu’elle n’entendait surement rien, mais il devait essayer. Il se sentait très en forme, cette envie de draguer remontée en lui… Il regretta un peu de n’avoir rien suivi des cours : il était censé apprendre le social, bon sang. Il avait une façon naturelle de faire la conversation qui en général plaisait aux gens, mais qu’était-on censé faire quand on tombait face à un cas particulier ? La clé, en matière de filles et de drague, c’était d’aborder les bons sujets de conversation. Au cours de soirée, la complimenter sur sa tenue, au cours d’un dîner, lui parler de ce qu’elle aime, pendant une séance d’embrassades, lui dire combien elle sait s’y prendre. Ca, il avait donné, il savait comment faire. Mais comment draguait-on une fille dans une salle informatique ? Il doutait que la complimenter sur sa tenue serait une bonne idée, elle n’avait pas l’air de ces autres pimbêches sportives et populaires intéressées uniquement par la marque de leurs pulls. Or il venait d’aborder le sujet qui semblait lui plaire, et elle n’avait pas paru très réceptive.

Il était un peu perdu. Il se contenterait sans doute d’attendre une réponse, mais il doutait fortement qu’elle viendrait. Il ouvrit une page internet sur son propre écran, en restant tourné vers la jeune femme, et jugea bon de lancer, au cas-ou « J’m’appelle Arthur, au fait. » Il sourit en tendant la main vers elle, dans l’éventualité où elle voudrait finalement établir le contact et regrettait sa réplique légèrement séche de tout à l’heure. C’était forcément ça, se dit Arthur, il n’y avait pas d’autre solution.

A l’inverse, Arthur était le genre de type sociable qui, en claquant des doigts, obtenait en général ce qu’il désirait. C’était une habitude chez, sans doute ce qui le rendait aussi con et arrogant, toujours était-il qu’il n’avait pas trop de difficultés à se faire comprendre et entendre. Ca venait aussi sans doute de son éducation, étant donné que, bon fils unique qu’il était, il avait toujours été exaucé par sa mère qui s’en voulait de le priver de frères et sœurs. Mais là n’était pas vraiment le sujet ; quand il en avait l’occasion, Arthur était parfaitement volontaire pour draguer, et par occasion, vous pouvez comprendre toute rencontre avec une fille, quelque soit le cadre, le lieu, la date ou l’heure de celle-ci. En cours, à l’école, au cours d’une soirée… Rien ne l’arrêtait. Il était comme ça. Mais c’était plus tôt la conséquence d’un besoin perpétuel de plaire qu’une quelconque arrogance, en réalité. Il avait besoin de sentir qu’il était bien cet homme viril, qui n’a besoin de rien, qu’il voulait paraitre. C’était sans doute la faute de son ex, Charlotte, qui avait, pour quelques temps du moins, réduit à néant sa confiance envers les relations longues durées. Il ne voulait même pas y penser ; l’idée le faisait flipper plus qu’autre chose.

La jeune femme garda ses écouteurs un moment, puis en voyant la main du jeune homme se tendre vers elle, finit par les lâcher. Elle sourit un peu, et Arthur fut rassurer – il n’aurait pas tellement aimé se prendre un vent total. « Tu as raison, en effet… Je suis pas du genre à abandonner. » Il lui fit un clin d’œil, et s’appuya sur sa main pour continuer la conversation, maintenant qu’elle semblait lancée. « C’est un très joli prénom, ça… Kira. » Il sourit à son tour, non sans remarquer le trouble de la jeune femme. Elle semblait vraiment mal à l’aise, et le jeune homme se demanda si ça venait de lui, ou simplement de son caractère à elle. Elle trifouilla quelque chose dans son ordinateur, puis balaya la salle du regard comme pour chercher de l’aide. Il fronça le nez, mais n’ajouta rien, non désireux de la mettre encore plus mal à l’aise. C’était un tombeur et un goujat, certes, mais il n’était pas méchant, ni sadique. Après avoir arrangé ses affaires, elle se retourna vers lui, mais sans le regarder. « Oh, euh… Je cherchais la tranquillité, à vrai dire. » Il se demanda après coup si c’était une bonne idée d’avouer ses intentions. « Je suis arrivé en retard, j’attends mon prochain cours… dans une heure, et je savais pas où aller. » Il haussa une épaule, comme si c’était la chose la plus normale au monde. « Mais non, je traine pas souvent ici… » Son sourire s’étira un peu plus.