Entourage. [R]

Le bruit incessant des talons vertigineux de ses escarpins sur le béton accompagnait Elliot dans sa solitude, alors que la demoiselle fumait passivement, laissant d’épaisses volutes de fumée légèrement bleutées s’échapper de ses lèvres. Son cours de l’après-midi avait été annulé et elle s’ennuyait énormément. Elle n’avait absolument pas prévu d’avoir son après-midi libre et la demoiselle Kenneth ne savait que faire des longues heures à tuer avant la pratique des cheerleaders. Jamais la jeune femme aurait cru pouvoir se plaindre de ne pas avoir de cours, pas avoir de devoirs ou de projets à faire, ni même rien à préparer pour la pratique, puisque les chorégraphies et les divers enchaînements à travailler étaient déjà tous prêts. Elliot soupira et leva les yeux au ciel. Il fallait en plus qu’avec un acharnement malsain, le hasard ait fait que tous ses amis de l’académie aient des cours à ce moment précis. Elle allait virer folle si elle restait à ne rien faire ne serait-ce qu’une seconde de plus. Écrasant le mégot de sa cigarette de son talon, et réajustant son ensemble de la journée, soit des jeans Rag & Bone foncés et skinny, et un chandail gris foncé au dos complètement découvert, signé Chloé, la jeune femme prit la direction de la ville lorsqu’elle aperçut, s’avançant vers elle, Swann Carmichael.

La jeune femme était tout simplement magnifique, et Ellie ne put empêcher une pointe de jalousie de lui prendre le ventre. La notoriété de la demoiselle Carmichael n’était plus à faire dans l’académie et en l’observant, de loin, Elliot savait tout à fait pourquoi. Ce qu’elle ne savait pas par contre, c’était pourquoi Swann se dirigeait vers elle…

[Je m'excuse Carrie, c'est MINABLE. silent

]

Des low boots Louboutin de couleur taupe, un beau jean avec quelques effets de déchirures par-ci par-là d'une édition limitée de la marque Gap, un long et large pull en cachemire rose saumon Cacharel, une épaule dénudée, un sac Hermès de l'an dernier mais toujours aussi beau et une crinière blonde au vent, à la silhouette, et à la démarche on reconnaît de suite Swann Carmichael. Il est difficile de ne pas la connaître, elle fait partie des filles en Vogue dans l'université, pas seulement grâce aux défilés qu'elle a pu faire pour passer le temps, ni grâce à sa beauté mais surtout grâce à sa famille très puissante. On l'envie, on l'admire, on la hait comme on l'aime, elle le sait et en joue. La rentrée s'est bien passée pour elle, une deuxième année est entamée, et elle est bien heureuse de retrouver sa cousine Nymphe et sa meilleure amie Brianna, autrement dit, le trio d'enfer. Gare à vous, elles reviennent en force.
A ce moment précis où elle arrive droit sur la jeune femme de première année, dans un film, on ralentirait certainement les images pour montrer son élégance, son air hautain, son visage froid et ses yeux complètement indifférents à ce qui l'entoure. Si elle se dirige actuellement vers Elliott Kenneth, c'est parce qu'elle l'a repérée. Elle appelle cela une "élue", l'an dernier, elle-même était une "élue" lorsqu'elle est arrivée. Elle a vite atteint le sommet grâce à la fille qui l'a prise en charge -cette fille qui est à présent en troisième année-. Cette année c'est à son tour, donc, à l'air d'une espèce de tête d'ampoule qui réussit à pirater le système informatique de l'école pour avoir des données personnelles sur tous les élèves de première année, elle sélectionne celle qu'elle prendra en charge, un peu comme une petite soeur. Elliott Kenneth sera parfaite. Une beauté exceptionnelle, elle déjà capitaine de l'équipe de pompom girls et une bonne fortune dans la famille. Bref, ce qu'il faut, et certainement le caractère avec. Elle lui serra la main, puis se sortit une Vogue de son sac, se l'alluma et tira une latte, elle remarqua bien que la nouvelle n'osa prononcer un mot, en même temps, il faut avouer que mademoiselle Carmichael est impressionnante. Nous nous étendrons pas non plus sur sa voix de femme mature et sérieuse.

- Swann Carmichael. Je sais qui tu es. Tu te plais ici?

Elle tira une nouvelle latte et jeta sa cigarette à peine consumée, n'ayant plus l'envie de fumer.

« Je sais qui tu es aussi. »

Elliot sourit à Swann, qui leva un instant les yeux de son magazine, le temps de répondre à son sourire. Bien qu’elle ait été impressionnée de voir la demoiselle Carmichael s’avancer vers elle, Ellie avait rapidement retrouvé ses moyens, de même que son caractère, et elle savait pertinemment que ce n’était pas en jouant la muette au côté de la jeune femme qu’elle aurait réussi à sa faire apprécier. La demoiselle Kenneth n’avait jamais eu de difficulté à interagir socialement, et bien que l’académie Waverly soit un environnement tout à fait nouveau pour elle, ça ne lui avait pas prit longtemps qu’elle avait su se bâtir un cercle d’amis respectable. Elliot n’était pas de celles qui cherchaient à tout prix à être amie avec les filles populaires, allant même jusqu’à se rabaisser au rôle de simple marionnette esclave pour gagner leur sympathie. Très consciente de sa valeur, la jeune femme savait qu’elle n’avait qu’à être elle-même pour se bâtir son entourage. Tirant pour sa part une autre cigarette de son paquet déjà bien entamé, Ellie l’alluma rapidement et reprit la parole.

« Oui, je crois bien. Je débute encore, je n’ai pas réussi à saisir tout le monde encore, mais je sais que je crois que je vais bien me plaire. Cependant pour l’instant, je m’ennuie royalement. »

Levant les yeux au ciel, la jolie blonde laissa la fumée du tabac s’échappée de ses lèvres alors qu’elle soupirait doucement.

« Enfin, j’ai de la compagnie maintenant, ça va sans doute changer. »

Passant sa main au travers de ses boucles dorées, Ellie tira une longue bouffée de sa cigarette et s’accota contre le mur du bâtiment, croisant ses jambes.

« En passant, ton sac est sublime. »

Assise à l’arrière de l’une de ses limousines personnelles, Nymphe Rockefeller observait son visage dans le miroir de son poudrier en or. Ses traits fins étaient tirés par la fatigue et des cernes bleutées étaient visibles sous ses magnifiques yeux océans, pourtant elle restait absolument sublime comme si rien ne pouvait atteindre la beauté exceptionnelle de la jeune héritière. Cela faisait quelques jours qu’une incroyable fatigue maintenait Nymphe dans une torpeur léthargique, un état qui ne lui était que trop bien connu. Durant ces deniers jours, la jeune femme n’était tout simplement pas sortie de la suite qu’elle louée à l’année au Mcdonald Randolph Hotel - comme si Nymphe allait vivre en colocation dans une chambre ridiculement petite proposée par Waverly - ni même n’était descendu de son lit, passant ses journées dans un état second, bourrée d’antidépresseurs et de somnifères. Mais ce jour là, elle était peu à peu sortie de sa léthargie et brusque envie de sortie s’était alors fait sentir. Lasse d’observer ce visage qui parfois lui sembler même inconnu, Nymphe lâcha le poudrier qui tomba sur le sol de la voiture et tourna son regard inexpressif vers le paysage qui défilait à travers la vitre teintée. Waverly se rapprochait. C’était là qu’elle avait décidé de se rendre car lorsqu’elle avait appelé William quelques heures auparavant il lui avait dit qu’il irait en cours aujourd’hui, elle voulait le voir, elle irait à Waverly aussi. Voyant qu’elle y serait dans quelques minutes, Nymphe attrapa le médaillon qui pendait à son cou, l’ouvrit et versa la petite poudre blanche salvatrice qu’il contenait sur la table basse de la limousine et en fit trois traits qu’elle aspira rapidement. Elle ferma un instant les yeux et un vague sourire se dessina sur ses lèvres rougies. La coke était une des rares choses qui permettait à Nymphe de s’apaiser et d’oublier la tragique fatalité de son existence.

La voiture s’arrêta et le chauffeur vint alors ouvrir la portière et tendit sa main gantée à Nymphe pour l’aider à descendre. Juchée sur de vertigineux stilettos Louboutin noir en daim qui, vue leur hauteur, auraient été un véritable défi à porter pout tout autre personne que Nymphe, l’Héritière franchit l’immense portail de l’académie et pénétra dans le parc. De nombreux élèves s’y trouvaient, certains assis en petits groupes, d’autres déambulant dans les allées, et se fut s’en surprise que Nymphe sentit leur regard se posait sur sa délicate silhouette. Evidemment, cela faisait de nombreux jours, elle ne savait même pas combien exactement, qu’elle n’avait pas sublimée de sa présence l’académie et les rumeurs allaient inévitablement bon train. Certains devaient sans doute affirmer, sans trop y croire, que Nymphe s’était faite renvoyer, car comment l’administration pourrait avoir le courage de virer une Rockefeller ?, d’autres murmuraient qu’elle était partie en voyage avec telle ou telle célébrité avec qui elle se serait même marier… ou d’autres suppositions plus ou moins réalistes - quoi qu’avec Nymphe tout était plausible. Elle était entrain de se demander où pouvait bien être William quand son regard, dissimulé par d’immenses lunettes de soleil Tom Ford qui mangeaient la moitié de son visage fin, se posa sur sa cousine et amie, Swann Carmichael. Elle se dirigea alors vers la jeune femme d’une démarchée assurée ce qui semblait exceptionnelle vu la hauteur de ses talons et surtout son état entre fatigue et coke qu’elle avait commencé à prendre des le réveil. Comme si Swann avait senti que Nymphe arrivait, ce qui devait être le cas car la présence de Nymphe se remarque n’importe où, la jeune femme tourna la tête vers elle. Nymphe adressa alors un sourire sincère à sa cousine, une des seules personnes à connaître la fragilité de la demoiselle Rockefeller, et non seulement sa puissance. Elles n’échangèrent pas une parole, ce seule sourire suffisait aux deux jeunes femmes. C’est alors que Nymphe vit la jeune femme présente auprès de Swaan, arquant un sourcils, elle l’observa quelques instants puis dit en se tournant vers Swann, de sa voix froide qui ne semblait jamais exprimer aucune émotion et qui provoquait toujours chez les gens un étrange sentiment de peur mêlée d’envie car sa voix restait également suave et envoutante.

« Qui-est-ce ? »

Un léger coup de vent vint faire voler les longs cheveux blonds qui encadraient le visage de Nymphe aussi somptueux que la robe qu’elle portait. Une robe de cocktail rouge en soie signée Valentino, que le créateur avait crée spécialement pour la délicieuse personne qu’était Nymphe, une robe qui serait logiquement plus appropriée sur un tapis rouge. Mais Nymphe se fiche de ce genre de détail et aime s’habiller totalement en décalage avec le lieu où elle se trouve et être vêtue d’une façon bien trop classe pour ce qu’elle doit faire.

Swann haussa une épaule, d'une manière très naturelle.

- Le début d'année est toujours ennuyeux. Mais on s'y fait. Le plus difficile est de s'intégrer dans la crème de la crème. A savoir, mes amis et moi même. Je sais que c'est prétentieux de dire cela, mais c'est vrai.

Un léger sourire s'accrocha le temps d'une seconde à ses lèvres et elle étudia la tenue d'une fille qui passa près d'elle. Eurk. Habituellement, la jupe écossaise genre petite étudiante est très chic -d'ailleurs, Swann n'hésite pas à en porter une de temps en temps-, seulement là, la fille a du trouver la sienne au secours catholique et non chez Cavalli. ne parlons pas du pull en laine qui doit certainement la gratter. Bref, notre deuxième année posa son regard maquillé de noir à nouveau sur Elliott. Elle aime bien observer les personnes avec qui elle parle, même s'il arrive que son visage froid intimide. Connaissez-vous ces visages de poupées qui vous donnent des frissons? Alors imaginer notre étudiante. La peau de couleur ivoire et les pommettes légèrement roses, il est difficile de décrire exactement ses traits, mais lorsqu'on porte un regard sur elle, on remarque en premier ses yeux, d'un bleu éclatant, on dirait ceux d'un enfant fasciné par la plus belle des fleurs, elle les maquille régulièrement de noir pour rendre son regard un peu plus vilain. Deuxièmement, on remarque sa bouche. Il y en a très peu comme celle-ci, les courbes de ses lèvres vont vers le bas au lieu d'aller vers le haut, ce qui lui donne un air de séductrice lorsqu'elle sa bouche est légèrement ouverte. Il est très rare qu'elle sourie de toutes ses dents, mais lorsqu'elle le fait, c'est tout simplement magnifique, à la fois étrange de la voir sourire et magnifique de remarquer à quel point elle peut rayonner. Vous comprenez maintenant pourquoi elle a confiance en elle. Quand on hérite d'un visage comme celui-ci, il est difficile de ne pas jouer avec. Mais sinon, Swann n'est pas un grand canon, elle n'est pas le stéréotype de la fille blonde avec une forte poitrine, elle est l'inverse. Très très mince, elle a peu de formes, sa poitrine n'est pas non plus inexistante. Juste petite. Elle jeta un coup d'oeil à son bon vieux sac.

- Je te remercie, il est de l'an dernier, mais pour ma part, il ne sera jamais aux oubliettes. Tu n'as pas de soucis à te faire, je suis certaine que tu dois être déjà bien intégrée. Et puis, on va apprendre à se connaître.

Elle lui adressa un clin d'oeil et instinctivement, elle tourna la tête à gauche, ses cheveux suivirent le mouvement. Nymphe Rockefeller, autrement dit, sa cousine et meilleure amie. La beauté s'approche d'une démarche très assurée malgré ses Louboutin, laissant émaner de son corps une grande puissance. Mais très peu sont au courant de toute la fragilité qu'elle renferme, Swann l'est bien sur. Carmichael aurait aimé être comme sa cousine, elle ne l'admire pas pour rien. Incassable à l'extérieur, mais fragile à l'intérieur. Même si Swann est assez puissante, elle est aussi froide à l'intérieur qu'à l'extérieur. Son coeur est dans une cage de pierre bien fermée. Elle adressa un petit sourire à l'arrivante, un sourire qui suffit bien puis elle inspecta sa tenue. Tout à fait Nymphe, une robe cocktail dans un lieu inapproprié.

- Elliott Kenneth. Première année. Capitaine de l'équipe de cheerleading.

Elle aurait bien ajouté une remarque positive sur sa fortune mais elle se retint, inutile de l'étaler ainsi, elle en fera part à sa cousine une autre fois.

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